• Guy Bedos - Mémoires d'Outre-mère

    Guy Bedos - Mémoires d'Outre-mère

     

    "Je n'ai pas rêvé.

    J'ai bien vu ma mère frapper mon père avec un marteau.

    Je dois avoir entre deux et trois ans. Mon père est infirme.

    Quand il met la main dans sa poche, ça ne se voit pas. Il est même beau. Et fort.

    Un athlète. Dans un film américain d'aujourd'hui, il serait incarné par un type comme Antonio Banderas.

    J'ai vu des photos de lui, jeune, avant que ma mère ne le quitte et ne lui interdise de me voir.

    Sa main, toujours dans la poche.

    Ma mère a frappé mon père sur sa main atrophiée qu'il dissimule sous un gant de cuir noir.

    Je me souviens de l'odeur du cuir. Désagréable. Surtout par temps chaud.

    Un gant sans les doigts puisque dessous il n'y a pas de doigts.

    Enfin si, comme une patte de chien, des bouts de chair minuscules avec des ongles- des griffes - au bout."

     

     

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    Evidemment, ce ne sont pas des mémoires. Pas de souvenirs d'acteur, pas de traversée du demi-siècle, tout le monde n'est pas beau, tout le monde n'est pas gentil. Pour la première fois, Guy Bedos écrit à la première personne l'histoire de la personne la plus importante de sa vie : sa mère. Leur histoire, leur lien. Sans haine et son amour. Il a peut-être deux ans, trois tout au plus, en Algérie, et il voit sa mère frapper son père avec un marteau. Le livre commence comme ça, dans cette brutalité. Aujourd'hui, le petit garçon de deux ou trois ans en a soixante. Et sa mère est toujours, à quatre-vingt-dix-ans, terriblement vivante, terriblement présente. Guy aimerait autant qu'elle disparaisse avant lui. Il n'en est pas très sûr. D'où ce besoin d'écrire ce livre-là, retenu sans doute depuis très longtemps. Ce livre qui raconte tout ce qu'il n'a jamais osé raconter de son enfance et son adolescence, de sa jeunesse mais de sa vie d'homme aussi.

    C'est un livre où Guy Bedos s'est tout permis, tout autorisé, sans le moindre scrupule mais sans aucune complaisance. C'est un livre qui plaira à tous ceux  qui l'aiment mais aussi à ceux qui ne l'aiment pas. Mémoires d'outre-mère nous vont découvrir un homme écorché à vie, un blessé grave qui n'a pas trop envie de guérir et surtout et enfin, ce n'est pas lui qui le dira un écrivain.

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